Stadion. Longueur de 600 pieds courue par les athlètes grecs lors des jeux panhelléniques, célébration du divin dans les quatre pôles spirituels de la Grèce antique, puis, par la suite, infrastructure accueillant les différentes épreuves. Le premier stade d’Olympie est un terrain rectangulaire plat sans aménagements pour les spectateurs. Le stade devient ensuite une infrastructure plus affirmée ; en son centre, le dromos, le champ de course en U, est entouré d’espaces pour les spectateurs ou surmonté par des gradins.
Origines
Les premiers stades antiques bordés de gradins sont creusés dans le paysage. Le public y accède depuis les côtés et descend les marches pour rejoindre la piste. Le stade est ouvert : il ne crée aucune limite dans son environnement. Puis fait son apparition le stade comme monument. Le stade comme cirque, comme théâtre, comme amphithéâtre. Il se pare de façades, de pilastres, d’arches. Le stade de Domitien occupe un des emplacements centraux de la Rome antique et sa façade fait partie intégrante du paysage urbain de la ville.
Aujourd’hui, l’architecture des stades découle de leur utilisation. Ils accueillent athlétisme, football, basketball, tennis, courses hippiques, circuits automobiles, vélodromes avec divers services, boutiques, restaurants et programmes annexes. Mais le stade actuel, bien reconnaissable dans le paysage de la ville, n’arrive pas à se distinguer de ses ancêtres antiques. Souvent très introvertie, l’infrastructure à plan ovale ne trouve généralement comme distinction que la composition de sa façade, comme une signature visible de l’extérieur, sans pour autant remettre en question les fondements géométriques de son héritage historique.
La raison de la persistance du plan grec, bien qu’aujourd’hui souvent fermé sur l’intégralité de son pourtour, est sa simplicité géométrique et programmatique. La ligne de la façade suit exactement la limite des gradins, eux-mêmes définis par la géométrie du terrain central. Les services additionnels, les entrées publiques et privées, les vestiaires, les locaux de stockage et toutes les installations techniques se concentrent en dessous des gradins. Ces programmes annexes, inexistants dans les stades du début du XIXème siècle, comme dans le stade Artemio Franchi (1932) de Pier Luigi Nervi, sont depuis le siècle dernier une partie intégrante du stade lui-même et assurent les finances des clubs et organisations sportifs.
Comment le stade contemporain, clairement destiné à être un monument dans sa ville, peut-il se démarquer et éviter de tomber dans les principes trop souvent utilisés depuis le siècle dernier ?Vélodrome de Berlin
Dominique Perrault nous propose une première solution avec le vélodrome et la piscine olympique de Berlin. La géométrie extérieure du construit doit-elle forcément suivre les proportions de la piste de course ? Les deux programmes distincts sont contenus respectivement dans un volume cylindrique et un parallélépipède rectangle très plats dont les ouvertures latérales sont placées à ras du sol. La géométrie circulaire du vélodrome est une déformation de la piste intérieure et permet l’ajout d’espaces complémentaires pour les services et les circulations. Dans son refus d’ériger son stade dans le relief de la ville, il revient à un principe des premiers stades, creusés dans le paysage. Les talus présents autour des bâtiments enfoncent encore les volumes qui disparaissent dans une étendue paysagère.
Oita World Cup Stadium
La même solution géométrique du plan est présente dans un tout autre projet, le Oita World Cup Stadium de Kisho Kurokawa. Le terrain de football est surmonté d’un grand dôme ouvrant, parfaitement circulaire, laissant là encore l’espace pour les services dans le changement géométrique autour du terrain. A l’inverse des stades plus habituels comme l’Allianz Arena de Herzog & De Meuron qui propose des façades hautes et opaques, l’entrée du Stade de Oita est plus fluide et l’accès s’y fait en passant sur la toiture bombée.
Estádio Municipal de Braga
L’architecte portugais Eduardo Souto de Moura prend une toute autre direction pour l’Estádio Municipal de Braga, construit pour l’Euro 2004. Celui-ci n’offre que deux tribunes face à face sur les côtés longs du terrain de football. Le stade est construit dans la roche et un de ses côtés frôle le bord d’une falaise. Ouvert sur deux côtés, il se détache de l’image classique et propose une intégration à son environnement fondamentalement différente des autres constructions au même genre. Les services sont distribués sous les tribunes, ainsi que dans la masse de la colline traversée par le bâtiment. Le stade de Souto de Moura est ouvert sur son environnement et utilise la topographie du site comme partie intégrante du projet.
L’architecte du stade contemporain propose différentes solutions géométriques pour différencier son œuvre-monument de ceux déjà construits, toujours dans la recherche de nouvelles idées et de nouveaux paradigmes. Le stade antique, dans sa justesse programmatique et géométrique, séduit toujours aujourd’hui, au risque de rendre ces monuments répétitifs et diminuant leur importance dans le paysage des villes. Le stade, depuis l’Antiquité, est un symbole au même titre que le théâtre. Ainsi on reconnaîtra Berlin à son stade historique, Pékin à son stade signé Herzog & De Meuron, Wembley à celui de Foster + Partners, Durban au stade Moses-Mabhida construit en 2007, etc. Mais l’importance d’un stade est-elle due à son architecture et à son implantation dans son contexte ou est-elle définie par les équipes qui y joueront, les matchs qui s’y dérouleront et les victoires qui en résulteront ?